Du 9 septembre au 22 décembre 2023
Finissage : 18 novembre de 14h à 17h
Juliet Mackie : Mémoire matrilinéaire
Commissaire : Alexandra Nordstrom

Galerie Shé:kon
5826, rue St-Hubert, 2ème étage
Tiohtià:ke / Mooniyang / Montréal (QC) H2S 2L7

Texte de Alexandra Nordstrom

Le dernier corpus d’œuvres de Juliet Mackie est un poignant et puissant hommage à ses aïeules métisses. En tissant ensemble des fragments de mémoire, des histoires de famille et des photographies, Mackie retrace la vie et l’héritage des femmes qui l’ont précédée. L’arrière-grand-mère de Mackie, Evelyn Oak, apparaît comme une figure centrale de son travail. Née dans la communauté métisse de Fort Chipewyan, en Alberta, au début du XXe siècle, la vie d’Evelyn est un modèle de courage, d’aventure, d’adaptabilité et d’ingéniosité. Depuis ses expériences dans le Nord sur une ligne de piégeage avec son mari Alvar, jusqu’à la navigation à travers les pièges de l’assimilation en milieu urbain, la vie d’Evelyn résume à la fois les épreuves et les triomphes d’une femme autochtone qui se fraye un che-min dans un monde en évolution. La fille d’Evelyn, Greta, incarne le rôle de gardienne du savoir, préservant les traditions ancestrales et les pratiques culturelles. Le parcours de Greta, passant du rejet de son identité, et de la honte à l’acceptation d’elle-même en tant qu’être culturel, reflète les luttes plus larges auxquelles sont confrontées les communautés métisses aujourd’hui. Sa transformation en éducatrice, en gardienne des com-pétences et des savoirs culturels, signifie une reconnexion profonde avec son identité métisse. L’exploration artistique de Mackie rend non seulement hommage à ces femmes remarquables, mais plonge également dans leurs histoires, leurs rêves et leur héritage. Le fait de représenter chaque femme, de ses arrière-arrière-arrière-grands-mères à sa propre mère, crée un espace de mémoire et de reconnexion, où l’artiste et ses proches se rencontrent. La peinture et le perlage sont des moyens de communication qui permettent à Mackie d’engager une conversation intime avec ses aïeules, de leur rendre visite, de réfléchir aux histoires familiales qui ont façonné son identité et d’honorer l’impact qu’elles con-tinuent d’avoir sur sa vie. De plus, ces pratiques lui permettent d’explorer et de développer son propre sentiment d’identité et d’appartenance en tant que femme métisse. Dans ce contexte, le travail de Mackie témoigne de la manière dont ses aïeules métisses continuent de façonner, d’ancrer et de guider son mouvement dans le monde. Son travail nous invite en tant qu’observateurs à nous engager dans la contemplation, retraçant les fils complexes du temps, de la mémoire et des expériences qui nous lient à ceux qui nous ont précédés.

Juliet Mackie (Crie, Gwich’in et Anglaise) est citoyenne de la Métis Nation of British Columbia avec des racines maternelles à Fort Chipewyan et Red River. Juliet est une artiste visuelle vivant à Tiohtià:ke/Montréal. Élevée dans la vallée de Cowichan sur l’île de Vancouver, sa pratique artistique s’inspire de son amour de la nature, de sa famille et de la culture métisse. Peintre, perleuse et étudiante, elle détient un baccalauréat en peinture et en dessin et est présentement candidate au doctorat dans le programme individualisé de l’Uni-versité Concordia. La recherche multidisciplinaire de Juliet explore le portrait comme moyen de renforcer l’identité culturelle des femmes autochtones.

Alexandra Nordstrom est une historienne de l’art, une conservatrice et une écrivaine établie à Montréal, au Québec. Elle poursuit actuellement son doctorat dans le cadre du programme de doctorat interuniversitaire en histoire de l’art de l’Université Concordia, avec le soutien de la bourse de doctorat Joseph-Armand-Bombardier du CRSH. Récemment, elle a organisé Miyo Nepin (2022) avec Floyd Favel au lieu historique national du Fort-Battleford, Braiding Our Stories (2019) avec Juliet Mackie à la VAV Gallery, et a organisé Poundmaker : Life, Legacy and Liberation (2019) au Poundmaker Museum and Gallery. Ses écrits ont été présentés dans RACAR, C Magazine et Room magazine, ainsi que dans le catalogue de la 6e Biennale d’art contemporain autochtone / Contemporary Native Art Biennial (BACA). Nordstrom est titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art de l’Université Concordia (2020) et d’un baccalauréat en histoire de l’art de l’Université de la Colombie-Britannique (2018).

La galerie She:kon («bonjour» en kanien’kéhà) est dédiée à la présentation d’expositions individuelles d’artistes émergents. Cette initiative vise à faire découvrir de nouveaux talents et à offrir à ceux qui le souhaitent une première expérience de commissariat d’exposition.

Remerciements

La Biennale d’art contemporain autochtone (BACA) remercie se partenaire, le Conseil des arts et des lettres du Québec (programme Re-Connaître pour les arts autochtones).